Trop de radios
Le fait de passer de nombreuses radiographies est-il dangereux ? Publié le 23/05/2011, mis à jour le 24/05/2011 par SFR Rappelons tout d’abord que les radiographies ont recours aux rayons X. Les rayons X sont des rayonnements ionisants invisibles capables de traverser le corps humain qui les arrête partiellement. Cette atténuation du rayonnement provoquée par les différents composants du corps humain (os, graisse, muscles, eau, air, vaisseaux…) permet en radiologie de réaliser une image diagnostique. Les rayonnements ionisants à fortes doses peuvent provoquer des effets secondaires bien connus comme «les radiodermites». Ces fortes doses ne sont pas atteintes dans le cadre de l’imagerie diagnostique. En revanche, les effets secondaires des faibles doses sont beaucoup moins connus, en particulier l’apparition de mutations génétiques et de cancer, car ils peuvent survenir bien après l’exposition et ne se distinguent pas des affections naturelles. Il n’existe cependant aucune preuve que les examens d’imagerie diagnostique puissent être à l’origine de cancers. En raison de cette incertitude, les organismes internationaux et nationaux utilisent le «principe de précaution» pour établir la réglementation, comme s’il existait, même à faibles doses, une relation linéaire entre la dose et le risque. Quand le bénéfice est supérieur au risque Pour comprendre la complexité du problème, il faut savoir que l’imagerie médicale n’est pas la seule source d’exposition aux rayonnements ionisants. Nous sommes exposés quotidiennement à de faibles doses de rayonnements ionisants qui proviennent de nombreuses sources : de l’air que nous respirons, des sols, des rayonnements cosmiques, des matériaux de construction, de l’eau, des aliments… Cette exposition aux rayonnements ionisants d’origine naturelle est estimée en moyenne en France à 2,5 millisieverts (mSv) par an. En comparaison, une radiographie de thorax délivre entre 0,005 et 0,01 mSv soit l’équivalent d’un à deux jours d’exposition aux rayonnements ionisants naturels. Une radiographie de l’abdomen délivre environ 0,4 mSv soit près de deux mois d’exposition aux rayonnements naturels. Un lavement baryté environ 2,5 mSv soit une année d’exposition aux rayonnements naturels. Une tomodensitométrie du crâne environ 2 mSv soit 10 mois d’exposition aux rayonnements naturels. Une tomodensitométrie de l’abdomen de 5 à 10 mSv soit deux à quatre ans d’exposition aux rayonnements naturels. La radioprotection désigne l’ensemble des mesures prises pour assurer la protection de l’homme et de son environnement contre les effets néfastes des rayonnements ionisants. Tous les médecins radiologues et leurs collaborateurs bénéficient d’une formation initiale et continue obligatoire en radioprotection. Les deux grandes règles de radioprotection, justification et optimisation, sont mises en œuvre au quotidien par les professionnels. La justification réside dans le fait que, comme dans tout acte médical, le bénéfice doit être supérieur au risque. Bien que le risque des faibles doses ne soit pas démontré, la prudence veut que l’on considère sa possible responsabilité. Il faut donc que l’indication d’un examen exposant aux rayonnements ionisants soit bien réfléchie et pesée. Il appartient à votre médecin radiologue de valider l’indication de l’examen demandé par votre médecin, voire de proposer un autre examen permettant de répondre à la question qu’il se pose. Il est ainsi parfois possible de remplacer un examen utilisant des rayons X par un examen n’en utilisant pas, comme l’échographie ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM). La Société française de radiologie a élaboré le guide du bon usage des examens d’imagerie pour permettre à tous les médecins de connaître l’examen répondant le mieux à la situation clinique de leur patient. L’optimisation des doses utilisées est la responsabilité des radiologues et des manipulateurs qui ont l’habitude d’utiliser le minimum de rayons nécessaires à l’obtention d’un examen permettant de répondre aux questions posées. Ces mesures sont prises pour tous les patients, mais sont encore renforcées pour les examens pratiqués chez les enfants dont la sensibilité aux rayonnements ionisants est plus grande et chez les patients porteurs d’une maladie chronique nécessitant des examens répétés. Si le risque des rayonnements ionisants ne doit pas être sous-estimé, il ne faudrait pas que la crainte d’effets secondaires jamais démontrés soit responsable d’une perte de chance pour les patients et fasse oublier les importants bénéfices apportés par l’imagerie aux malades. Grâce à ces examens, les radiologues réalisent des diagnostics rapides et précis qui permettent de traiter plus rapidement les patients et de suivre l’efficacité de leur traitement. Hubert Ducoulepointe; responsable du groupe radioprotection de la SFR
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